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L'autre soir, revenant de quelque
part, tu as vu devant ta maison
quelque chose de bizarre? C'était
grand, étrange et dans l'axe de ta
porte.
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Intrigué, ton pas s'est figé, tu as
regardé etonné et tu as pensé:
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- Impossible!
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Pourtant, et oui, c'était réel....
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Il était là, impossible
objet. Eclat d'acier.
Froideur des reflets et il
te regardait tendrement.
De tout ton coeur, un cri,
un seul cri jaillit :
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Ta mère, là sur ce palier.
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Et toi lachant ta malette,
ton journal, tu as bondi
dans ses bras, ses
leviers, ses tentacules
puissants et ses pinces
délicates.
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- Mais Maman, tu n'es pas
raisonnable, comment as-tu
fait pour venir jusqu'ici?
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Sa douce voix, légèrement
grinçante te répondit :
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- Petit Georges, je n'en
peux plus, tu sais ce
qu'ils m'ont fait?
Transferée, oui,
transferée et tu sais où?
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Au service d'exportion Ovine! Je n'ai
pas pu le supporter, je suis partie.
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Georges, ou toi à ce
moment là, resta immobile,
puis :
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- Viens, rentre Maman, tu me
raconteras tout ça....
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Il traversa le palier,
toujours dans les bras de
sa mère, ouvrit la porte,
puis dans son entrée, lui
demanda de le poser sur le
sol.
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- Allez Maman, on va causer, tu bois
quelque chose?
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Sans attendre la réponse, Georges fila
vers la cuisine, revint portant deux
verres, l'un rempli d'une émulsion de
benzine et d'huile, l'autre d'un
mélange d'eau et de ferments.
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- Maintenant, dis moi tout et
tranquilise toi...
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Reposant son verre, la matrice 722
émit un bruit semblable à un soupir
puis lui tint à peu près ce langage :
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- Georges, j'espère que je n'aurai pas
en vain invoqué ton aide, car de tous
les fils, tu es celui qui me révéla la
vie.
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Sur ce, marquons une pause afin de
comprendre que la matrice 722 avait
été programmée par un informaticien
lyrique ayant râté ses examens de
lettres et de par là même obligé de se
replier vers les basses tâches de
l'informatique.
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Georges, aux mots énoncés de la
matrice 722 n'avait pu qu'opiner.
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Maman 722, comme nous l'appelerons
dans ce récit continua :
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- Mon bébé, tu sais, j'ai élevé des
milliers de fils d'homme dans ma
longue et ténébreuse carrière,
beaucoup de lèvres d'hommes ont
balbutié leurs premiers phonèmes entre
mes pseudos mamelles. Et maintenant,
l'ordinateur central, Papa 000, veut
me mettre au département ovin! Tout
cela est du à la création de nouvelles
Nounounoux, de cette nouvelle
génération qui consomme moins de
protéines et produisent un lait Sainte
Ethique de meilleure qualité. Alors
toutes les Nounounoux de ma génération
vont remplacer les travailleurs
affectés aux espèces inférieures.
Travailleurs que nous importions
auparavant de planètes
sous-développées... Alors j'ai décidé
de partir, de refuser cette
déprogrammation. Georges, dis moi,
veux-tu bien m'acueillir chez toi? Tu
sais, j'ai une infinité de projets. Je
pourrais faire de ton appartement une
crèche sauvage clandestine, comme cela
je pourrais m'occuper et puis cela te
ferait un supplément matériel non
négligeable et donc à ne surtout pas
négliger....
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Maman 722 se tut.
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Georges vida son verre et ne put que
murmurer :
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- Voyons Maman, tu sais bien que dès
maintenant la police te cherche et que
c'est impossible, que tous les enfants
qui restent sur la terre sont dans des
centres comme celui dont tu viens de
t'echapper et puis tu vas t'ennuyer
toute la journée... Tu comprends, j'ai
ma carrière, mon avenir. Il serait
idiot de rater ma vie pour une
bêtise...
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A ces mots, le sang synthétique de
Maman 722 ne fit que trois mille
cercles :
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- Comment, quoi, mon fils, tu
renierais ta petite maman, toi que
j'ai connu semence.
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Du haut de ses trois mètres dix, Maman
722 le regardait, mettant dans son
regard, ses trois tonnes de tendresse
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- Viens ici, Georges, je suis dans
l'obligation de te donner une
fessée...
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Georges, légérement affolé, lui
répondit :
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- Chère mère, si vous êtes, c'est
grace à notre révolte, car si les
hommes ont détruit les femmes, ce
n'est pas pour que leurs remplaçants
mécaniques les oppriment...
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Georges ne put terminer sa phrase car
Maman 722 le saisissant d'une main
caoutchoutée, le coucha sur ses genoux
métalliques et commença à le fesser
énergiquement. Par un défaut de
programmation, Maman 722 cessa de
donner la fessée à Georges lorsque le
corps de celui-ci se sépara en deux.
D'un côté, le tronc et la tête, de
l'autre, les fesses, les jambes et les
pieds.
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Maman 722 alla dans la cuisine se
servir un autre verre d'émulsion
d'huile et de benzine. Puis regardant
Georges étendu en deux parties, elle
dit ces mots:
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- Georges, si de tous mes fils, tu fus
le meilleur, moi je ferais mieux de
voir ailleurs.
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Maman 722 partit à l'aventure,
silencieusement si l'on exepte le
grincement de ses roues sur la
chaussée.
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Maman pensait, une brume fluide
surmontait l'endroit logique où se
trouve le cerveau de tout odinateur
programmé pour la reproduction et
l'éducation des fils de l'homme. Car
elle venait d'apprendre plusieurs
choses, elle, comme toutes les
Nounounoux, n'étaient qu'une machine
remplaçant une espèce complémentaire
de l'homme. Ainsi, elle n'était que la
copie mécanique d'un être biologique
aujourd'hui disparu!
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La marche de Maman 722 dura longtemps.
En chemin, elle donna le jour à trois
fils d'homme qui lui avaient été
implantées avant son départ. Les jours
et les années passèrent, bientôt les
fils d'homme surent marcher,
balbutier, des mots, des idées...
L'aîné, depuis quelque temps,
suppléait aux déficiences Maman 722
qui n'avait pas eu de révision depuis
longtemps. Par exemple elle mélangeait
tout son programme éducatif, donnant
aux enfants de trois ans, un aperçu
rapide en trois heures de la
littérature mondiale.
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Les pauvres petits étaient contraints
d'ingurgiter des données indigestes,
insipides et plus en plus
incompréhensibles.
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Puis le tempora haut mauresque et les
dents venant, les enfants comprirent
rapidemen,t qu'il valait mieux
apprendre par coeur tout ce que disait
maman 722 afin de pouvoir manger.
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Le temps passant, Mamn 722 donnait de
plus en plus de signes de gatisme et
ses enfants décidèrent de s'en
débarasser.
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Il y avait justement un ferrailleur
dans la troisième clairière à droite
de la leur qui était d'accord pour
s'en occuper.
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Mais, et c'est tout le problème, Maman
722 n'avait aucune intention d'être
fondue, même pour devenir un jet de
transport de fret... Il fallait donc
ruser....
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L'un des enfants eut une bonne idée!
En effet, il suffisait d'attendre que
Maman 723 s'endorme afin de la
transporter à la casse. Mais Maman 724
ne s'endormait jamais, son cerveau
positif et tonique se passait aisément
de l'activité nocturne propre aux
humains. Il fallait donc trouver un
stratagème pour l'endormir, la
narcotiser en quelque sorte... Pour
faire en sorte qu'elle s'endorme,
simple, il suffisair de lui faire
boire, à volonté,des huiles riches.
Mais où trouver des huiles riches en
saloperies chimiques dans cette jungle
se demandait l'aîné? Simple, faisons
bouillir des moteurs, je suis sûr qu'à
la surface des récipients se formera
une crème légère qui diluée dans la
résulatante de la compression de
graines oléagineuses fera l'affaire,
lui répondit le cadet.
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Ainsi fut dit puis fait.
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Mais c'était méconnaître les capacités
des resistances électriques de Maman
725. Une fois qu'elle eu bu sept
littres de fine émulsion, Maman 726 se
mit à tournoyer sur elle-même en
hurlant :
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- Où es-tu Papa 000? Viens je
t'attends, je suis là!
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Mamn 728 se mit ensuite à rire en
hurlant :
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- Je m'envole, je m'envole à bloc!
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Et devant ses trois fils issus d'elle,
elle s'envola et de plus en plus haut
s'éleva et bientôt plus personne ne la
vit.
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Montant, maman 730 n'en menait pas
étroit, elle se sentait confuse,
perdue dans les terres invisibles de
l'ether.
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Elle se fit satellite des années
durant, et c'est ainsi que les gens
connurent son histoire.
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Car, tournant autour de la terre, à
chaque révolution, elle allait disant
:
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- Je suis, suie la mer, the mother of
this humanity, je vole là-haut mais
gare à la fessée, gare, pas de
bêtises, sinon, pan pan.
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Et ainsi Maman 731 vécut longtemps,
parlant dans le vide, car les piles de
son poste émetteur à la longue
s'épuisèrent.
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Comme tout le monde le sait, tout
satellite est destiné plus ou moins à
retomber un jour sur terre.
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Et maman 732 retomba sans brûler.
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Et cela fit de la fumée, de la vapeur
d'eau et des bouillonnements.
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Maman 733 retomba dans la mer.
Fin
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